Ainsi donc que les masucs sont morts et que se sont tues à jamais les voix humaines, nous restent dans ce paysage immortel les belles silhouettes bien vivantes et fières, cette égérie du photographe, peut-être du poète, qui tutoie le ciel, ses bourrasques et ses nuages et dessine l’horizon dans ses yeux lointains.
Désormais sur les hauteurs de l’Aubrac, il faudra compter avec ces mouvantes silhouettes nouvelles, dans le paysage immobile tout à coup plus animé, introduisant dans l’horizontalité du plateau, des notes verticales d’harmonie, tout comme la successivité de la mélodie s’enrichit de la simultanéité musicale de l’harmonie. Et… je ne vous apprendrai pas que cela s’appelle l’ Accord.
Et voici enfin les vaches, La Vache, la raison d’être de tout ce système séculaire, à la robe miel doux, aux amples cornes soutenant l’azur, aux yeux mélancoliques maquillés de sombre, le museau couronné de blanc. Royaleavec son pelage doré ! et son nom : Aubrac !
Saint Chely !!! C’est vrai qu’on en a rencontré dans nos parcours un paquet de saints au nom tortueux, inconnus du reste du monde et vénérés dévotement çà et là. Encore un ! penserions-nous… mais que nenni ! Saint Chely n’existe pas ! Si faict ! n’a jamais vécu, été exemplaire, fait des miracles et les tutti quanti de l’apanage des déclarés saints. En vérité, c’est une déformation patoisante de l’évêque de Mende Hilaire (diminutif moqueur : Illy) par mauvaise coupure graphique de la chaîne phonétique ( comme mon habituel le/zanmis ) sanch/illy,san/chilly en occitan.
Ce qui rend suspect cette contorsion étymologique c’est que le saint patron de Saint Chély est… Saint Eloi (Sanch Eli, en occitan)
Aubrac, Saint Chély d’Aubrac-CC BY-NC Jacques BOUBY