L’AUBRAC au joli mai (2)
Voici les orchis sureau, les premiers, jaunes ou pourpres, les pensées jaunes et violettes (déjà précédés, ici comme partout, des primevères, hérauts légitimes et incontestés de la primavera)
et déjà les feuilles de gentianes en gestation
Monnaie du Pape et Muscaris dans les talus et autres fleurettes pâlichonnes qui éclaboussent l’herbe nubile.
Pulmonaires et Geranium Roberts …
Est-ce l’orée de la Prairie d’Asphodèle, de l’Odyssée où les ombres habitent, fantômes des défunts ? Ce serait dommage pour cette belle et grande et blanche plante à la hampe souveraine. Jamais vu autant en si grand nombre que dans cette boralde !
Et la Cardamine à 7 folioles, peuplant les hêtraies… blanche et violette
Mais ! Ô les jonquilles ! La monodie puissante et fragile des jonquilles frôlant à loisir le gris granité des murets et montant, diaphanes, à l’assaut des pentes parmi les blocs erratiques maussades est une féerie éblouissante. Et le vert assiégé s’infléchit sans se dissoudre …
Voici, plus tard, fin mai, les narcisses, lous tétarels, ces millions de fleurs blanches, en rang si serrés, ces Narcisses des Poètes (Narcissus poeticus), que le profit s’en est mêlé tant sa fragrance élégante et rare a fait frissonner les parfumeurs d’ailleurs.
Ainsi quelques agriculteurs ratissent ces étendues blanches d’un énorme peigne sur roue poussé ou tiré par un cheval, pour récolter/couper ces têtes ensoleillées et les livrer à une distillerie de Peyre-en-Aubrac qui les vend aux parfumeurs…d’ailleurs !…
Dix tonnes par jour, parfois ! Autant dire que si vous voulez profiter de la magie de ces espaces, passez par là avant … le couperet 🤪
Mais, Dieu merci, cette marée d’akènes des pissenlits révolus … tout aussi exceptionnelle n’intéresse pas les parfumeurs d’ailleurs…