Le patrimoine bâti vernaculaire (6)
L’église de Saint-Amans-des-Côts (qui par ailleurs ne présente pas beaucoup d’intérêt) abrite un beau et grand Retable de près de 4 m. de hauteur peint à l’huile sur bois. Je lis qu’il n’a été découvert qu’en … 1996, au cours de la restauration intérieure de l’église. Incroyable.
Un panneau central de toute la hauteur représente la Vierge présentant le Rosaire à l’humanité : ce gros chapelet dont chaque grain représente une prière : 10 Ave pour 1 Pater (grain plus gros), multiplié par 5.
Les grains étant une métaphore des roses accompagnant la Vierge, ici présentées par les anges. NB ! Il ne vous échappera pas que son visage a dû rencontrer Raphaël ! Pas l’ange, le peintre 🤪
La donation du Rosaire, par la Vierge Marie à Saint Dominique est un thème récurrent de l’iconographie chrétienne.
Le réceptionnaire de gauche est bien Saint Dominique reconnaissable… au chien tenant en sa gueule une torche enflammée.
La sainte de droite est, probablement, Sainte Catherine de Sienne.
Traditionnellement sont associés à ce rosaire 15 «mystères» c’est à dire 15 épisodes fondamentaux de la vie de Jésus et de Marie sur lesquels s’appliquent la méditation, lors de la récitation des prières du chapelet.
Tout autour du tableau central s’égrènent donc les différents «mystères» classés en 5 mystères joyeux, à gauche ; 5 mystères douloureux, en bas ; 5 mystères glorieux, à droite,
La lecture en est d’une grande lisibilité : à gauche, Annonciation, Visitation, Naissance de Jésus et adoration des bergers, Circoncision, Jésus parmi les Docteurs, en bas épisodes de la Passion jusqu’à la Crucifixion, à droite, Pentecôte, Ascension etc.
Tout en bas du panneau central, on peut noter la signature du peintre, Ludovicus Gomez et la date : 1626.
Et voici Bes-Bédène : sur son éperon rocheux granitique enchâssé dans un cirque pittoresque façonné par un méandre de la rivière Selves, affluent de la Truyère et dominé par le puy de Montabès.
Pas de doute ! un tel lieu retiré, austère, sauvage, à la végétation dense et si escarpé, bref un tel bout du monde ne pouvait être qu’un… désir d’ermite ! La Thébaïde, en somme ! bien que nous fussions loin de celle de Fra Angelico aux « Uffizi « de Florence 😜
Ce vieil Ermitage du XIè est réhabilité puis transformé en prieuré avec église et hospice par (Saint-)Gausbert, chanoine nomade venu de Rodez.
Adorable minuscule village dans ses chaos de rochers, avec son église, son cimetière, son café et… son parking fort en pente où nous avons passé la nuit (avec cales bien évidemment sous le Caracol !) et ses 6 habitants d’une même famille. Alors qu’au moins 30 maisons composaient le village au XVès. et 400 âmes étaient encore comptabilisées en 1872.
Sur la crête, l’église au bâti original plutôt roman, avec son clocher peigne à 4 arcades et ses belles toitures de lauze…
A l’intérieur, statue de Saint Gausbert (XIVès.) dans la magnifiscence de ses rouges, ses dorures et ses colonnes torsadées
Quelques sculptures de calcaire …
Dans la chapelle de droite, un retable « Les mystères du Rosaire » avec un tableau représentant le Don du Rosaire. Tout autour, 15 petites scénettes en bois sculpté polychrome en haut relief représentant chacune l’un des mystères du Rosaire, Joyeux, Douloureux et Glorieux. Le tout du XVès.
Ici le personnage de Sainte Catherine de Sienne à droite est plus clairement identifiable qu’à Saint-Amans-des-Côts car elle porte l’habit des tertiaires dominicaines et ses habituels attributs, la croix et sur sa tête, la couronne d’épines.
Détail des sculptures en haut relief : Mort sur la Croix, Résurrection et Ascension
Bannière de saint Gausbert utilisée pour les processions. NB : Je rappelle à quelques mécréants, que P.P.N. n’est pas le sigle d’un quelconque parti politique nationaliste mais les initiales de Priez Pour Nous ! A l’origine de quelques miracles bien sentis, Gausberg est donc sanctifié. Une procession festive avec cabrette et tutti quanti a lieu en octobre avec célébration de la messe en «lenga nostra»
A noter que saint Gausbert finit ses jours sur la presqu’île de Laussac, tout près et que ses reliques sont conservées dans une châsse à Laussac.
Dans un petit » musée» une classe des années 1930/60 a été reconstituée avec soin par une ancienne institutrice, avec manuels et cartes géographiques d’antan et nombreuses extraordinaires planches dessinées à vertus didactiques.
Petite promenade avec Doudoue et Toutou sur le pont de granit, en contrebas, le Pont Romieu (Pont des Pèlerins), édifié en 1290 sur le tracé d’une ancienne voie romaine qui permettait de relier l’Auvergne à la vallée du Lot. D’une seule arche en plein cintre, il enjambe la Selves.
Photo du pont au Levant et en haut à gauche dans le contrejour, le hameau de la Banide
Notre flânerie parmi le patrimoine bâti d’Aubrac et ses richesses d’art pourrait cesser ici. Mais voilà qu’un jour nous nous promenons à Lassouts, loin en bas dans la vallée du Lot et loin sur sa rive gauche et nous tombons sur un panneau du PNR Aubrac dont le village se revendique. Quoi ? Lassouts en Aubrac ? mais c’est déraisonnable à en perdre sa boussole !? Eh bien la magie irrésistible du PNR a arbitrairement joint les confins extrêmes. Baste !
Je me sens donc autorisé à vous montrer, pour clore ces épisodes, le Tympan de l’église Saint Jacques à Lassouts. À vue d’oeil, pas plus de 2 mètres de base, en beau grès rose. Au centre, le Christ dans sa «gloire» en amande entouré des symboles classiques des quatre évangélistes (à l’origine, les 4 animaux ailés de la Vision de Saint Jean dans l’Apocalypse)
De part et d’autres sous les arcatures, six apôtres assis (ils étaient pourtant 12, non ? 😜 ) plutôt hiératiques.
De jolis motifs végétaux parcourent l’oeuvre
Trois modillons entourent l’ensemble probablement issus d’un réemploi. Ensemble délicatement sculpté et relativement épargné par le temps.
A l’intérieur, le Saint Jacques patron de l’église et de la paroisse.
Les extrêmes, soigneusement opposés tels Don Camillo à l’ouest et Peppone plein est. 🤪