Le patrimoine bâti vernaculaire (4)
Non seulement en référence à son histoire tant le jeu complexe des appartenances et des intrications seigneuriales et paroissiales implique un enchevêtrement composite des territoires qui permet de bien se pénétrer de leur interdépendance et donc de l’impossibilité d’assigner une frontière péremptoire à l’Aubrac
Déjà les D’Estaing, les Calmont, du fond de la vallée tiraient pas mal de ficèles, même la Terre d’Aurelle en plein Aubrac des Boraldes était elle-même sous la vassalité des Comtes de… Rodez et ne parlons pas des lointaines abbayes qui nourrissaient des liens très étroits avec le haut plateau, de Conques à la Chaise-Dieu, en passant par Saint Victor de Marseille et s’étaient octroyées de confortables prérogatives.
Quand aux vallées, d’Olt, surtout, s’il va de soi qu’elles étaient partie prenante des mouvements économiques et démographiques, on ne peut cependant que rappeler les acrimonies fielleuses au long de l’histoire, entre les «rustres manants» du haut et… les vilatous (terme péjoratif pour citadins) du bas. Des populations plutôt antagonistes dans leur fondement et leur écosystème !
Mais voilà qu’ un Parc Naturel Régional de l’Aubrac a été décrété le 23 mai 2018. Il englobe 64 communes mais aussi 14 autres à cheval sur les régions Auvergne, Occitanie et… Rhône-Alpes. D’une simplification géographique qui fait fi grandement de la dimension historique, démographique, culturelle et économique !
On s’interroge et on comprend que le PNR nourrit d’autres préoccupations que la cohérence historique, démographique et territoriale et a imposé les facilités de la Carte sur le réel du Territoire.
Victime d’un processus du Management du Territoire dont on redoute qu’il transforme ces espaces en lieux du loisir et du dimanche et l’Aubrac en pays de brochures nombreuses de randos et d’aligot. Ecco !
Alpuech et sa magnifique église Saint-Martin du XIè de style roman, en forme de croix latine et à la morphologie extérieure pittoresque. Peut-être… vieille d’avant la Première Croisade.
Alpuech : (Al puech amount sus la montanha)
Le pays d’enfance de Bernard Noël. Oui ! Le poète, qui a passé là entre ses grands-parents et leur centaine de vaches de race Aubrac, des moments qui ancreront ce trésor de sensations fauves, au coeur de son enfance et que plus tardivement sa poésie exprimera.
Célèbre aussi pour le légendaire Jean-Pierre Bouissou, alias le voleur d’Alpuech, Robin des Bois du terroir aux exploits/forfaits plutôt rocambolesques.
Je rappelle aussi que ce nom a été utilisé par Jean Gazave dans le titre de son roman « Romain Alpuech », déjà cité ici.
Émouvante de gratitude, la Fontaine d’Alpuech, en un temps où il est d’usage d’agresser son maire pour un oui… et surtout pour un non.
Vitrac, qui se revendique Vitrac-en-Viadène
Quand on se promène en Viadène, mis à part l’altitude (800 m en moyenne) il ne vous saute pas aux yeux que vous avez quitté l’Aubrac : tout y est, les grands espaces, le ciel plus grand qu’ailleurs, les belles vaches Aubrac et leur sonnailles, les orgues basaltiques et autres clapas. Manquent les masucs car les «mountanhas» sont devenues des exploitations permanentes épargnées par les rigueurs du climat des monts d’Aubrac et les rocs innombrables disséminés dans les pâtures.
On peut donc considérer que le plateau de la Viadène au moins dans sa partie nord ouest et sur un même sol granitique et métamorphique vit totalement en consonance avec l’Aubrac, bien que d’une altitude et d’un climat plus favorables aux populations d’éleveurs.
Tout cela pour dire que si la Viadène haute et basse peut à juste titre se revendiquer de l’Aubrac et de son histoire auxquels elle est consubstantielle depuis des siècles, le Carladez, ce territoire aveyronnais au-delà de la Truyère a sa vie et son autonomie propre (en plein Cantal) depuis… depuis et ne peut être considéré sans torsion exagérée et arbitraire comme partie de l’Aubrac. Et c’est pourtant ce qu’a souverainement décrété le PNR !
Église de Vitrac fortifiée du XIVè siècle dédiée à saint Michel, sur sa coulée de basalte. Peintures murales et bénitier (ou fonts baptismaux ?) ouvragé en bronze
Panorama sur le Plomb du Cantal, le Puy Mary et le Puy Griou
Si celui-là a eu droit à sa couche de badigeon, le suivant ci-dessous en a réchappé ! Il en ricane de surprise.
Humble Église Saint-Jacques de Liamontou, sur sa butte de basalte.
Jadis départ d’une procession pour Notre Dame des Bruyères
clé de voûte du portail d’entrée avec croix, ciboire, ostensoir
Tout près, seule sur sa butte, juste après le pont de Liamontou, la jolie église de Chaniès …
… que les paroissiens de Liamontou préféraient : il leur suffisait de descendre, passer le ruisseau de Riols sur le pont de Liamontou et remonter sur la colline vers l’église proche entourée de son cimetière dont la belle ancienneté de quelques croix atteste de son grand âge.
Comme celle de Lacalm la paroisse de Chaniès, appartint d’abord au diocèse de Clermont et à la province d’Auvergne, puis au diocèse de Saint-Flour.
Et tout près, la belle croix ouvragée sur ses deux faces, de La Presurada
Vines : ce ravissant hameau, classé site remarquable de France et d’ Europe, offre au voyageur une vue imprenable sur le lac de Sarrans.
Intéressante église dédiée à Saint Blaise.
Maître autel avec les statues de la Vierge au rosaire, de saint Blaise et de saint Roch,
L’arbre de Jessé. Du flanc de Jessé endormi sort un arbre dont les branches portent les ancêtres supposés de la généalogie de Jésus, notamment David
et la porte du tabernacle représentant le pélican nourrissant ses petits, image métaphorique traditionnelle du Christ et de l’Eucharistie
Dans la chapelle de droite sur la façade de l’autel, sacrifice d’Abel, sacrifice d’Abraham, sacrifice de Melchisedech, de la prière eucharistique.
et derrière l’autel… les déboires d’Adam et Ève sous le pommier maudit !
La porte du tabernacle représente la Cène
Dans la chapelle de gauche sont présentées quelques sculptures sur pierres
Belle croix de procession en argent estampé (décorés de motifs de feuillage) sur âme de bois avec des pierres serties. Les bras terminés par des trèfles sont décorés de boules de cuivre. Quatre reliquaires sont présents sur les trèfles, l’un deux renfermerait un fragment de la vraie croix !!!
À visiter la Maison de la Cabrette devenue à présent le MUSÉE DES CORNEMUSES DU MONDE exposant l’histoire de la vielle et du violon (de la création à aujourd’hui), et rendant hommage à la Cabrette (la « musette » parisienne) et aux cabrettaïrès, tout comme ci-dessous cette girouette. Sans oublier l’accordéon qui fit danser tant et tant d’Auvergnats et de guinguettes parisiennes…
Village de Cantoin
Cantoin, c’est aussi Cécile, éleveuse d’une quarantaine de chèvres angora dont nous avons tant apprécié, à plusieurs reprises pulls et chaussettes en laine douce mohair si légère. Hélas pour des raisons familiales, Cécile retourne au pays, le sien ! Avec ses chèvres et son savoir faire…