Une saison à Hato Piñero (3)
Voici le paysage amphibie classique des llanos : les esteros, en eau, même en saison sèche (verano), oasis de verdure et fraîcheur inspiratrice des poètes des llanos, les bajíos qui seront recouverts dès les premières pluies et les caños muets glissant silencieusement sur ces terres lentes et s’incurvant vers un autre río plus lointain, égrénant ça et là un chapelet de petites mares, bonheur et refuge de tout une faune empressée.
Et derrière, les bancos (partie haute des savanes) dont certains résisteront à l’inondation et sur lesquels il faudra regrouper le bétail pendant el invierno (la saison des pluies), vraie période de vaches maigres !
Nous sommes en mars et l’on peut voir ci-dessous que certains esteros s’assèchent progressivement
C’est le groupe familial élargi (36 membres) Agropecuaria San Francisco qui est propriétaire de Hato Piñero et Hato Paraïma. Mais Paco le dueño n’est pas de ces propriétaires qui gèrent de loin, de la capitale, de préférence, en bon affairiste dans un cossu bureau climatisé. Sa vie est ICI, il est llanero ! Au ventre de la grande maison il a passé ses mois de vacances d’enfant. Nous le vîmes toujours au milieu de ses hommes (130 personnes vivent au Hato, tout de même !). Quarante ans de sa vie sont ici, en ces lieux de mémoire… et d’oubli.
Et ces beaux murs de pierres sèches qui nous vont droit au coeur, nous, peuple du Quercy !
Et notre nid, la chambre turpial, du nom de l’oiseau, emblème national du Venezuela
Les énormes manguiers …
…où plusieurs couples de guacamayos passent la sainte journée à grignoter les mangues
Iguana… en grand siestou, paraît que sa chair rappelle le goût du poulet : pôvreuh bêêêteuh !
la tortue, « dénichée » la nuit à la Tapa del Jubo par Gertrudi. Nous l’avons vilainement retournée …
… pour voir sa papatte et ses griffes fort soigneusement rangées.
Capuchino
Et voici baba belles dents à laquelle (c’est féminin en espagnol) je consacrerai un traité bien senti, lors d’un prochain épisode.
Mais, Hato Piñero c’est d’abord un hato de ganado, un ranch et son incontournable llanero, vissé depuis l’aube à son cheval, cette partie de lui-même.
Endurant, frugal, résistant à la faim, la soif, la fatigue, les rigueurs et les extrêmes du climat, à la vie violente et aventureuse, à la marge de la société. Ajoutez à cela son impétuosité et son habileté à manier la lance et vous saurez à quel point le llanero fut grandement redouté des troupes royalistes, pendant la guerre d’Indépendance !
Sobre los llanos la palma Sur les llanos le palmier
Sobre la palma los cielos Sur le palmier le ciel
Sobre mi caballo yo Sur mon cheval moi
Y sobre yo mi sombrero Et sur moi mon chapeau