Une saison à Hato Piñero (2)
Comme vous avez pu largement le remarquer, il est partout !
Difficile de faire un plan assez large sans qu’une tête rousse aux oreilles rondes et petits yeux se glisse sur votre photo !
Difficile de photographier une mare, sans voir affleurer ses yeux, ses oreilles et les narines de son large museau. Lui, c’est le chigüire : « Seigneur des herbes » (excusez du peu ! ) dans la langue des indiens Guaranis.
Mais au bout de la tête, un drôle de corps de chien-chien sans queue, souvent assis sur son derrière. D’ailleurs ce toutou aboie quand on le dérange dans son bain, environné de jacinthes d’eau. En fait l’ensemble rappellerait plutôt un cochon d’inde. Mais attention ! cochon d’inde surdimensionné, car pour le petit câlin tranquille dans les bras, au petit lever ou au petit coucher : il faut oublier 😜 Ce « plus gros rongeur du monde » du Guiness pèse en moyenne 50 kilos. En moyenne !
Notre chigüire, nommé en bonne langue catholique capybara, broute peinard toute la journée mais adore aller se tremper régulièrement la couenne.
Ici, une famille lambda-jetée-dans-le-monde ( selon le Dasein de Heidegger ) va prendre son bain de boue réparatrice.
… et s’en revient, par le même chemin, rebrouter peinard ! Savourant son existentiel-essentiel 😜
Les chigüires sont en fait des mammifères semi-aquatiques, des hippopotames sous dimensionnés en somme, l’horrible tronche en moins et les trous de nez plus acceptables. Quant à leurs dents, rien à voir non plus : 2 paires de mignonnes petites incisives … Il leur arrive de brouter des végétaux sous l’eau et tout comme leurs gros frangins, ils vont réguler leur température en faisant trempette quand la fièvre de la savane les insupporte.
D’ailleurs, ils commettent la chose dans l’eau après un cérémonial complexe, enfin… d’après les témoins libidineusement ocul-aires ! Nageurs et plongeurs confirmés ils seraient en somme une espèce de canard sous équipée mais on peut voir que leurs pattes (pata = cane en español !) sont palmées jusqu’à la base des griffes.
Braves bêêêteuhs.
Patience, nous n’en avons pas fini, avec eux : ils sont 4500 à Hato Piñero !
La tête des copines en forme de périscopes
Caricare encrestado
Pájaro vaco
Ibis rouge et Tautaco
Chiriguare
Toupet, toupette, toupillon, huppe, houppe, houpette, le Paují de Copete est « né coiffé », heureux présage mais qui le contraint à entretenir régulièrement son frisottis pour lequel il se fait des cheveux.
A cette ineffable coquetterie, le mâle ajoute cette autre, dont le poème dit :
« El sól le dió un beso de amarillo en el pico » : le soleil lui déposa un jaune baiser sur le bec
Gallitas laguneras (poule d’eau)
Vous l’avez compris : les llanos constituent la plus grande réserve ornithologique : plus d’un millier d’espèces d’oiseaux. Et en mars, en pleine saison sèche, les cours d’eau qui sont à leur plus bas niveau d’étiage ont laissé derrière eux sur ces terres lentes et horizontales des chenaux, mares, barbotières, chemins d’eau, marais. Sans compter les fossés résultant de l’excavation de la terre pour construire et remblayer les pistes. Tous ces trous d’eau faisant le bonheur de toute une faune qui depuis 60 ans n’a plus entendu un seul coup d’escopète !
Garza real, Garza morena, Zamurita, Chicuaco Enmascarado, Garzón soldado, Oripopo
Hato Piñero est reconnu depuis 1953 comme un sanctuaire écologique de renommée internationale. La mise en place d’un tourisme écologique bien conçu et fort confortable, est une initiative de ses propriétaires en 1985 et le gros LIVRE d’OR de la « maison » témoigne de la multitude de visiteurs et de l’extase sans cesse renouvelée procurée par ces contrées bienheureuses où faune et flore cohabitent avec l’homme avec bonheur.
Hélas, hélas ! Les Bouby ne furent vraiment pas à la hauteur ! C’est largement connu, la photo d’oiseaux réussie appartient à ceux qui se lèvent tôt. Très tôt ! La vie intense des oiseaux commence … au lever du soleil. Et que faisaient-ils les Bouby à cette heure ??? Ils dormaient !
Pas à la hauteur non plus pour le matériel de prise de vue !
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Bonjour monsieur Bouby,
Je viens d’admirer vos belles photos. Définitivement, vous êtes un vrai passionné de la photographie et un perfectionniste dans tout ce que vous entreprenez. Je me rappelle encore tout le soin que vous mettiez dans la préparation des documents de formation au PAEH.
Je vous adresse mes vœux de santé, de bonheur et de paix et vous prie de présenter ces mêmes vœux à votre épouse de ma part.
Myriame Remarais
Merci, merci mille fois pour tes bons voeux, Myriam. Nous en avons grande utilité ! Merci d’apprécier mon site et de l’exprimer. Si tu veux échapper aux grands froids canadiens, n’hésite pas : les Llanos du Venezuela. Quoique ….. la situation n’est pas terrible. La mythologie de l’homme libre « hombre libre en el camino , agua clara en el remanso » ne peut faire oublier la marginalisation géographique de ces vastes régions pauvres qui, bien sûr, va de pair avec leur marginalisation sociale aggravée par les inondations chroniques qui ravagent ces zones immenses condamnant les populations à l’isolement et privant le bétail de ses habituels pâturages. Et je crains que la Révolucion n’ait pas amélioré les choses de la vie ici, en Pinero !!! Je viens d’achever l’ensemble : 8 épisodes avec l’épilogue.