De Fianarantsoa à Manakara par le train F-C-E (5)

De Fianarantsoa à Manakara par le train F-C-E (5)

Et voici dans le jour déclinant qui nous rapproche de la côte est, les tristes collines aux végétations dégradées qui ont pris la place des opulentes forêts que nous venons de traverser. Le mal est connu et grave, la cause aussi : les cultures sur brûlis après abattage (pratique du tavy). Et il n’est pas sûr que les ravenala qui colonisent désormais ces espaces soient de bons présages pour la biodiversité.

Train Fianar-Côte Est- CC BY-NC Jacques BOUBY
Train Fianar-Côte Est- CC BY-NC Jacques BOUBY

Train Fianar-Côte Est- CC BY-NC Jacques BOUBY
Train Fianar-Côte Est- CC BY-NC Jacques BOUBY

La lumière rousse court de colline en colline et voici les rizières qui réapparaissent sur les platitudes retrouvées, où cultivateurs et boeufs s’attardent encore dans la lumière rare et oblique de l’ouest…

Train Fianar-Côte Est- CC BY-NC Jacques BOUBY
Train Fianar-Côte Est- CC BY-NC Jacques BOUBY
Train Fianar-Côte Est, gare de Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Train Fianar-Côte Est, gare de Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY

Manakara ville triste passablement délabrée. Impression de déliquescence programmée, activité réduite à néant. Engourdie et mélancolique, Manakara ne sursaute qu’à peine quand le petit train arrive…

Tristes auspices déjà cette façade grisâtre de la gare où le temps de l’horloge murale est définitivement arrêté à midi 10 ! Pour l’éternité ?

Même plus nostalgique des wagons entiers de café vert de Manampatrana et d’épices déchargés jadis sur le quai de la gare en pleine effervescence !

Armée de posy rangés devant la gare ( pousse pousse ) sévèrement concurrencés par les tuk tuk (moto fourgonnettes) qui vont encore sans doute contribuer à ruiner les petites gens à posy… et leur famille !

Un petit tour en posy confirme cette impression de décadence ? De mort lente ? Le pont sur la rivière Manakara, le pont des colons, s’est même effondré, un matin de septembre 2012.

Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, clous de girofle- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, clous de girofle- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, clous de girofle- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, clous de girofle- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara- CC BY-NC Jacques BOUBY

La ville appartient aux Chinois qui ont trusté tous les magasins et même cafés, hôtels et immeubles. Restent aux Malgaches bouis-bouis, gargotes et cahutes d’épicerie… Et ce sont probablement les Chinois qui reconstruiront le pont des colons, car sans lui, le port est condamné. L’histoire nous apprendra sans doute bientôt si la «colonisation» opiniâtre de l’Afrique par les Chinois est moins prédatrice que… l’originale !

Ce qui ne nous autorise pas à ignorer l’énorme et sanglante répression dans la ville par l’occupant colon, lors de l’insurrection de 1947 qui avait déjà elle-même passablement fait couler le sang.

Manakara, Océan indien- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Océan indien- CC BY-NC Jacques BOUBY

La première mer rencontrée depuis notre arrivée à Madagascar…

Manakara, Océan indien- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Océan indien- CC BY-NC Jacques BOUBY

Et voilà que nous tombons sur d’imposants rassemblements d’élèves en uniforme. Il s’agit de la cérémonie officialisant la rentrée scolaire à Manakara. Impressionnant. Quelque chose m’étreint dans cette joie juvénile… : Et dire qu’il faudra que Madagascar se préoccupe et s’ingénie à donner un jour des emplois à tous ces jeunes ! Le panneau programmatique   » Collège Brillant Avenir  » ne laisse aucun doute, mais …

Manakara, Océan indien- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Rassemblement scolaire- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Rassemblement scolaire- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Rassemblement scolaire- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Rassemblement scolaire- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Rassemblement scolaire- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Rassemblement scolaire- CC BY-NC Jacques BOUBY
Manakara, Rassemblement scolaire- CC BY-NC Jacques BOUBY

Epilogue

Voici que se termine ce périple ferroviaire inédit et délectable qui certes n’a pas la puissance du Transsibérien. Ma prose non plus d’ailleurs ! C’est un bonheur photographique exquis et merveilleux à recommander ! Et une immersion dans le quotidien de ces populations actives et très curieuses de ces Wahaza qui prennent le train pour … RIEN.

Bon ! Ne rêvez pas trop quand je disais en introduction que la reprise du train était en bonne voie, je me fondais sur cet événement, majeur, certes 😜 :

« Le 3 mars 2021, en prélude à la Journée internationale de la Femme, la Première Dame de Madagascar, Mialy Rajoelina, a emprunté un de ces wagons pour rejoindre la commune de Sahambavy, à 23 km à l’Est de Fianarantsoa, tiré par l’une des quatre locomotives.» Quand à la 2ème photo, celle du président, en Ben-Hur sur son char, elle me paraît prise… en gare de Fianar !

Et surtout, surtout ? Quid de la réfection du Viaduc de Sahasinaka ?

De toute façon actuellement la fermeture des frontières est prolongée tous les quinze jours par le gouvernement et le secteur touristique est complètement laminé. Et contrairement à un pays connu où des capricieux et gavés ne cessent de se plaindre, aucune aide d’aucune sorte n’est venu différer ce désastre.

Une autre inquiétude me traverse : « On va faire un train express le jeudi et le vendredi où il n’y aura que des rames voyageurs. Les voyageurs avec leur valise qui voyageront plus tranquillement et plus rapidement sans avoir de chargement et de déchargement de marchandises durant leur trajet. On espère bien gagner beaucoup d’argent et investir ensuite dans de nouveaux matériels.» C’est ce que déclare Jean-Dauphin Ramonjarsolo, le directeur de la FCE qui imagine déjà, telle Perrette, la nouvelle vie de sa ligne avec l’arrivée des trois nouvelles locomotives. Le voyageur malgache peut y gagner… du temps mais le voyageur Wahaza ne pourra qu’y perdre l’âme de cette aventure qui n’aurait plus alors de grand intérêt sans compter que pour sa propre philosophie elle aura contribué à lui faire découvrir patiemment l’éloge de la lenteur (mora mora).

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