Châteaux en Pays de Loire 17

TOURS 1

 Tours, Hôtel de Ville- CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Hôtel de Ville- CC BY-NC Jacques BOUBY

Place Jean Jaurès et son Hôtel de Ville où nous déposait le bus. Place au croisement bruyant des principaux axes de la ville, mais plutôt calme en ce jour, car nous avons depuis depuis, pris la (bonne) habitude de ne s’arrêter dans les grandes villes que le week end. Notre Caracol sommeillait la journée à Saint Avertin, gardant notre lit du soir.

Dans ce quartier, premier noyau de la cité, (mais bien sûr le Caesarodunum des romains était déjà là !) la Cathédrale Saint Gatien (1er évêque de Tours).

 Tours, Cathédrale saint Gatien-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien-CC BY-NC Jacques BOUBY

Vous le connaissiez ? vous ? saint Gatien ? Eh bien, une bien prestigieuse légende m’apprend que Gatien avait été contemporain du Christ. Ecco ! Et qu’il avait assisté à plusieurs grands miracles d’iceluy et que, ami des apôtres il fut aussi un des 72 disciples choisis par le Christ !!! En vérité, je vous le dis, avec de pareils atouts, le brave saint Martin pouvait bien aller se faire voir avec son manteau rouge découpé à l’épée pour soi-disant habiller un pauvre. (Photo ci-dessous) Un peu mince, ce coup-là.🤪

 Tours, Cathédrale saint Gatien-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien-CC BY-NC Jacques BOUBY

Dans cette façade de 70 mètres, quatre siècles d’architecture (mi XIIè – mi XVIè) se côtoient. En ces années 1500, ces beffrois carrés sur lesquels on a élevé un tambour octogonal, couvert d’une coupole et surmontée d’un lanternon, sont vraiment des formes nouvelles.

Toute la grammaire ornementale du gothique flamboyant dans sa grâce et… son exubérance est ici déclinée, mais le sommet de la tour nord est couverte de tresses, denticules, balustres, disques, dauphins, rinceaux mêlés aux feuillages, qui appartiennent bien au répertoire de la Renaissance.

Notez combien la rénovation a redonné la blancheur d’antan à la pierre de tuffeau de la rosace, dans les années 2010-2013, période de la restauration du croisillon nord. NB  Cette rose d’un peu plus de neuf mètres de diamètre insérée dans un carré est plus grande que celle de Notre-Dame.

 Tours, Cathédrale saint Gatien-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien-CC BY-NC Jacques BOUBY

Et les vitraux ! Ma-gni-fi-ques ! Autant dire qu’après les bombardements de 1940, puis 1942, bien qu’ils n’aient pas directement affecté l’édifice, avaient provoqués de nombreux dégâts et chutes d’éléments vitrés. Une coûteuse restauration et 8 ans de travaux, leur ont fait retrouver visibilité et splendeur, au moins pour les verrières du haut chœur (800 m2 de vitraux dans le chœur, tout de même !).

 Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux-CC BY-NC Jacques BOUBY
 Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux-CC BY-NC Jacques BOUBY

Les quatre fenêtres monumentales du bras nord du transept qui abrite l’autel Saint-Martin depuis le XIXè siècle restaient sans vitraux. Un programme de création a été lancé et les français Gérard Collin-Thiébaut, artiste et le maître verrier Pierre-Alain Parot, ont été choisis à l’issue d’un concours lancé en 2011.

L’iconographie développée sur ces 200 m2 de verrières reprend et renouvelle le thème de saint Martin avec des couleurs très fluides. Vous ne les verrez pas : Impossibles à photographier correctement !

NB : les mêmes Collin-Thiébaut et Parot ont été choisis pour la création de 11 nouveaux vitraux pour la cathédrale Saint-Etienne de Cahors (chez nous !), inaugurés en 2013.

Ainsi cette cathédrale Saint Gatien, dont les vitraux traversent les siècles, du XIIIè à … nos jours devient un témoignage éblouissant de l’évolution de l’art du vitrail, d’autant que les dernières réalisations bien que contemporaines, (à l’image de ce vitrail qui représente les tentes des sans-abris du canal de Saint-Martin, à Paris), reprennent le caractère narratif dans la pure tradition des cathédrales.

La rose nord, (celle donc, de la rosace photo de l’extérieur 2, 3) de la fin du XIIIè siècle, est dédiée à la Vierge Marie, son réseau est d’une grande pureté. C’est la plus belle expression du gothique rayonnant.

 Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux, rose Nord-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux, rose Nord-CC BY-NC Jacques BOUBY

Elle témoigne d’une grande maîtrise dans l’art de travailler la pierre (la stéréotomie). Le programme iconographique a une forte référence biblique : à côté des apôtres et des évangélistes figurent les prophètes, les rois de Juda, rappelant l’ascendance humaine du Christ et la cour de la Jérusalem Céleste chantant la gloire du Seigneur. Aux quatre angles figurent les évangélistes.

Voici la rose du couchant : deux siècles la séparent des roses du transept.

Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux, rose Ouest-CC BY-NC Jacques BOUBY

L’Agneau en son centre, étendu sur le Livre aux sept Sceaux, reprend le thème de l’Apocalypse de saint Jean. Tout différencie les deux rosaces : dessin, iconographie, couleurs. Son délicat réseau flamboyant ondule en courbes et contre-courbes dessinant une gerbe de pétales en forme de flammes qui s’embrasent au soleil couchant. L’héraldique est omniprésente avec les blasons de la monarchie et des grandes familles princières du royaume. Normal ! Ce sont eux qui finançaient.

 Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux, rose Ouest-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux, rose Ouest-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux-CC BY-NC Jacques BOUBY

Le grand orgue avec son buffet en chêne : trois claviers, un pédalier, 56 jeux (timbres différents) et… 3928 tuyaux. Depuis 1984, le buffet d’orgue est classé Monument Historique ainsi que 818 tuyaux anciens.

 Tours, Cathédrale saint Gatien, orgue-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, orgue-CC BY-NC Jacques BOUBY

Derrière l’orgue, la rose sud, elle aussi de la fin du XIIIè siècle (avec les armes de saint Louis et de sa mère Blanche de Castille), est dédiée au Christ. Elle développe une couronne de médaillons peuplés de saints personnages qui chantent des cantiques à l’Agneau Pascal, au centre. Belle polychromie rougeoyante.

Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux, rose Sud-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, vitraux, rose Sud-CC BY-NC Jacques BOUBY

Tableau : Saint Martin, cavalier de la garde impériale romaine déchire sa chlamyde pour un mendiant qui grelotte.

Tours, Cathédrale saint Gatien, tableau saint Martin-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, tableau saint Martin-CC BY-NC Jacques BOUBY

Contrairement à bien des saints à l’existence un peu fumeuse (Gratien ???) en particulier ceux des tout début du christianisme, Martin a une réelle existence historique. Bon, je le charriais un peu avec son bout de manteau découpé à l’épée et donné au pauvre. Pâquesdieu, j’avais grand tort car la nuit suivante, le Christ lui apparut, enveloppé de cette même moitié de manteau. Si faict ! A sa mort en 397, Poitevins et Tourangeaux se battent pour emporter sa dépouille ! Tant il est décédé en sérieuse odeur de sainteté. Il a sa basilique à Tours.

Ci-dessous, le tombeau des enfants de Charles VIII et d’Anne de Bretagne : Charles Orland (mais oui ! ça vient de Orlando), le dauphin (avec la couronne) mort à 3 ans (le CHOC effroyable de la jeune mère de…16 ans) et Charles, mort à 26 jours. (cf envoi n°15 https://jacbouby.fr/2021/02/05/chateaux-en-pays-de-loire-15/)

Tours, Cathédrale saint Gatien, tombeau des enfants de Charles VIII et d'Anne de Bretagne-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Cathédrale saint Gatien, tombeau des enfants de Charles VIII et d’Anne de Bretagne-CC BY-NC Jacques BOUBY

Belle syncrasie de l’art italien et français dans ce tombeau en marbre de Carrare. La cuve est une oeuvre novatrice de Jérôme de Fiésole, italien ramené par Charles VIII, le reste, l’œuvre du sculpteur tourangeau Michel Colombe. Le répertoire décoratif est de grande qualité et de superbe finition : notez la délicatesse du coussin et du voile, de la cordelière d’Anne de Bretagne. Si le sarcophage et les effigies des jeunes enfants furent épargnés à la révolution, il n’en fut de même pour … leur nez. C’est une vieille habitude depuis la haute Egypte !

Tours, la maison de la Pucelle Armée-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, la maison de la Pucelle Armée-CC BY-NC Jacques BOUBY

Au n°39, rue Colbert, se trouve la maison dite de la Pucelle Armée, construite à l’emplacement de la boutique de Colas de Montbazon, qui fabriqua l’armure de Jeanne D’Arc

Tours, la maison de la Pucelle Armée-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, la maison de la Pucelle Armée-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maisons-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maisons-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maisons, détail-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maisons, détail-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maisons, détail-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maisons, détail-CC BY-NC Jacques BOUBY

Au n°25 de la rue du Commerce, l’hôtel Goüin (du nom de la famille propriétaire au XVIIIè ), bien endommagé mais rescapé des terribles bombardements de 1940 et joliment restauré.

Tours, Hôtel Goüin-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Hôtel Goüin-CC BY-NC Jacques BOUBY

Notez cette belle double loggia en façade, se terminant par un gâble à crochets affichant hautement la synthèse entre gothique : le pignon triangulaire, et renaissance : le fronton cintré. Notez aussi cet abondant décor de cornes d’abondance, oiseaux et rinceaux. Nous y vîmes une bien belle exposition.

Tours, Hôtel Goüin, détail-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Hôtel Goüin, détail-CC BY-NC Jacques BOUBY

Place Plumereau (dite place Plum’) au cœur d’un dédale médiéval de rues ombreuses, célèbre pour … avoir vu passer Jeanne d’Arc et son armée. Incroyable effervescence et terrasses combles où il est impossible de trouver une place sous les mûriers et parasols. Paraît que ça ne désemplit JAMAIS… Mais c’était en l’an av. Covid !

Tours, Place Plumereau-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, Place Plumereau-CC BY-NC Jacques BOUBY

À l’angle de la place, maison à essentage d’ardoises, avec des sculptures du XVIè : Sainte Famille, en face ; un pèlerin jacquaire muni de son bourdon ; à gauche, des rois et des reines, en haut, certaines mutilées à la Révolution.

Tours, maison à essentage-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maison à essentage-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maison à essentage-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maison à essentage-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maison à essentage, détail-CC BY-NC Jacques BOUBY
Tours, maison à essentage, détail-CC BY-NC Jacques BOUBY

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