AUBRAC : el Camino, lou camin (4)
Il y a à peine 600 habitants à Nasbinals et pourtant entre les 2 pôles de l’église et de l’institution de l’Hotel/Café Bastide une incroyable effervescence, surtout les week end et vacances (40% de résidences secondaires), agite la rue.
Tandis que le caminaïre se jette sur le deuxième pôle, le Jaquaïre se dirige naturellement vers la belle Eglise Sainte Marie qui dès le seuil affiche le signe de reconnaissance et de ralliement si caractéristique : la coquille devenue l’un des attributs reconnaissables du pèlerin, avec le bourdon (bâton), la besace et le chapeau à larges bords. La coquille fut gravée dans la pierre sur les frontons ou les chapiteaux des églises et dessinée en mille lieux, à la fois emblème et repère.
C’est vers l’an mille que s’organise l’itinéraire du Camin, à travers drailles et routes pour les pèlerins de Compostelle et de Saint Gilles et les grandes abbayes : La Chaise Dieu, Conques, Moissac, Saint Victor de Marseille multiplient prieurés et autres fondations pour accueillir les pèlerins.
Ainsi dès 1074 (d’après un Acte) existe à Nasbinals une église et une communauté monastique autour desquelles s’enroule un village.
Ne rêvez pas non plus, ce n’est pas cette magnifique église que le Moyen Âge nous a léguée ! Et non ! le village est pris et brûlé à la Guerre de Cent ans et les voûtes et la nef de l’église ne seront reconstruites qu’au XVème, bien bellement d’ailleurs…
… Avec son robuste clocher octogonal et son harmonieuse abside aux cinq colonnes supportant ces arceaux en plein cintre, renvoyant au Roman du Velay, son beau toit de schiste et la polychromie de ses basaltes et granites
Notez le bandeau ocre rouge et ses modillons… passablement dégradés
Au sud le portail d’entrée exalte la polychromie contrastée de ses basaltes et granites avec ses multiples cintres (voussures) qui surmontent la porte.
sa jolie tourelle ronde à l’angle de la nef et du transept, qui abrite un escalier à vis, ses surprenantes ouvertures et chiens-assis qui rappellent que l’église était intégrée à un prieuré
À noter parmi les chapiteaux sculptés d’entrelacs et de végétaux cet étonnant combat entre un archer et un lancier
Le choeur a été réaménagé en 1994-95 avec la restauration et la mise en valeur de l’abside et ses 7 arceaux en plein cintre
La voûte de l’abside en cul de four et sa subtile polychromie de tufs basaltiques – en bas de la photo, apparaissent 3 arcatures de la série de 7 en demi-cercle qui ornent le fond de l’abside
Où l’on peut voir que la voûte de la nef, d’abord en berceau, a été refaite en ogive.
les robustes arceaux, soutiens de la coupole sur trompes.
A l’intérieur, Baptême du Christ sur panneau de chêne
Détail du retable de la Vierge, bras accueillants, avec cette énorme coquille au-dessus, en bois doré et polychromes dans la même petite chapelle sud
Vierge à l’enfant donnée récemment (noms des donateurs sur la plaque), provient de la région de Paray-le-Monial. Cette «Vierge à la pomme» couronnée, en pierre avec des traces évidentes de polychromie tient l’Enfant sur son bras gauche et… une pomme en sa main droite.
Statue de saint Jacques en Pèlerin de Compostelle sculptée dans un tronc de chêne par Hervé Vergnes, vous savez l’artiste aveyronnais qui a peint la fresque de l’église d’Aubrac que j’ai utilisée pour faire l’historique de la Domerie ( https://jacbouby.fr/2023/04/17/laubrac-dans-tous-ses-etats-2/ ). Avec tous les attributs du Jacquaïre + la barbe de la Sagesse et le manteau illuminé de vives fleurettes
De Hervé Vergnes, aussi, les quatre autres sculptures, réalisées entre 1993 et 1997, la 4ème représentant Saint Roch.