Une saison à Hato Piñero (1)
« C’est dans la Mesa de Paja, par les 9° de latitude, que nous entrâmes dans le bassin des llanos. Le soleil était presque au zénith ; la terre partout où elle se montrait, stérile et dépouillée de végétation, avait jusqu’à 48° et 50° de température. »
C’est ainsi que Humbolt narre son arrivée dans ces étendues immensément plates des LLANOS.
Dans la chaleur accablante de ce mois de mars, la savane de paille rousse étincelle de lumière et nous brûle les yeux de son vent chaud… mais certains futés ont trouvé la parade depuis longtemps.
Ici, Apure et Orénoque ont arraché sans relâche aux flancs des Andes les alluvions qu’ils ont drainés et longuement accumulés dans 7 des états du Venezuela dont les noms s’égrènent en complainte : Apure, Barinas, Guárico, Portuguesa, Cojedes, Monagas, Anzoátegui … Llanos qui se prolongent jusqu’en Colombie en relevant à peine leur platitude à l’approche du piémont de la Cordillère des Andes. Cent mètres de dénivelé en tout et pour tout : je ne vous apprendrai pas que llano signifie plat, en espagnol.
Llanos = 6 mois de l’année sous de fortes pluies et inondations (65% des terres sous 1m à 1m 50 d’eau)
6 autres mois de sécheresse et d’insupportable poussière,
… le reste de l’année, ajoute le llanero, ça se passe plutôt bien !!!
Ici, tout ce qui n’est pas surélevé est donc inondé d’où le travail considérable d’aménager et d’entretenir avec constance ces pistes qui vous relient encore au monde quand le déluge s’abat.
Ce hato localisé dans les llanos du centre du Venezuela se trouve en l’état de Cojedes : 5 à 6 heures de route de Caracas + 23 km de piste. Il est bordé de trois ríos et d’une chaîne de montagnes ce qui, en opposition avec les mornes et vastes platitudes du grand sud, lui confèrent une variété de sols et de paysages bien sympathiques : savanes herbacées, marais, grande lagune, strates arborées parfois serrées, forêt galerie le long des ríos, nombre incroyable de caños, collines, voire montagnes.
Hato Piñero, c’est une surface de 85 000 hectares sur laquelle pâturent 15 000 bovins. Non ! Vous avez bien lu ! il n’y a aucun zéro de trop : Paco, le dueño, le confirme. Paco, c’est Francisco Branger qui gère ce ranch impressionnant et ces hommes, les llaneros. Son grand oncle acheta les terres en 1950, vivant surtout de peaux de babas (crocodiles) et de plumes de hérons qu’il commercialisait, plus que de ses… 69 bovins.
Si aujourd’hui ces immenses terres (autrefois terres de chasse et de cueillette des indiens !) sont parfaitement circonscrites et balisées, le bétail domestiqué ou sauvage étant totalement enserré dans des clôtures, il n’est que de lire le passionnant roman du venezuelien Rómulo Gallegos « Doña Bárbara » pour revivre ces âpres luttes qui ont sans cesse modelé et remodelé les propriétés au fil d’incroyables intrigues, sournoiseries, coups bas, procès tordus, assassinats et tous les vols de bovins et de chevaux dont les troupeaux allaient et venaient librement sur ces immenses terres dont les bornages étaient précaires et symboliques sans la moindre clôture privative.
« L’établissement d’un cadastre est peu avancé dans ces vastes plaines et les limites de propriétés sont notoirement vagues. Il arrive qu’une limite suive une rivière ou un caño, puis traverse les Llanos jusqu’à un palmier isolé ou quelque autre point de repère qui, avec le temps, peut disparaître ; la rivière peut changer son cours, ou bien il est difficile de déterminer de quel caño il s’agissait.» écrivait Raymond E. Crist en 1935.
Il devient alors impossible de se mettre d’accord sur les limites et c’est ainsi que surgissent entre les puissantes familles ces querelles interminables et tenaces dont bruissent les Lanos. Malentendus fortement aggravés on s’en doute, par la perte ou la destruction des archives lors des troubles ou autres révolutions !
Attention babas à bâbord !
Pardon ? Vous ne les avez pas vus ?
… les beaux babas de bâbord ? Fossilisés, oui mais vigilants, paresseux immobiles, oui mais vifs comme l’éclair. Gare aux chevi-i-i-i-i-lles ! L’avoir dans le baba, c’est pas cool !
Mais Hato Piñero, c’est aussi un gîte touristique fort sympa, rustique, bien entretenu, équipé de deux énormes groupes électrogènes en relais qui jamais ne laissent en panne la clim à l’heure sacrée de la sieste, l’eau courante en permanence… sans compter Anna–la-blonde qui règle parfaitement votre séjour.
C’est perchés sur cette drôle de machine au look un peu préhistorique, mi nacelle avec couchage, mirador et glacière intégrée, mi panzer-division que nous errâmes sans relâche sur les pistes empoussiérées du hato, conduits par Daniel et guidés par Simon, puis par Gertrudi.
J’ignorais que tu donnais dans la photo animalière ! Belles photos des oiseaux et de ces sympathiques ragondins géants, ça donne des envies de voyage !
Honoré Voyageur photographique du Vénézuela et des Llanos,
d’abord ce n’est pas si mauvais qu’un repentir trop judéo chrétien te le fait dire en fin d’expo 1ere partie !
mais surtout en voyant ta bestiole assez mochtingue faut dire, je pense à ce qui pullule dans le marais vendéen, qui s’appelle ragondin, est assez mignon (sauf quand écrabouillé par les bagnoles), un peu nuisible car grand copulateur et perceur de tunnel dans les berges, et paraît-il savoureuse en pâté… pas trop tenté ne suis je…
Voici donc l’occase de faire un coucou au photographe préféré d’Hermès… dieu des voyageurs (et des voleurs).
Souvenirs de voyages bienvenus, certes, dans la catégorie reportage, car l’opérateur n’a rien perdu de son oeil ni le diaphragme de sa vivacité ni l’objectif de son piqué…
A prendre place au côté du Maître incntesté de l’icone en N&B insurpassable !
Et quand vas tu publier nos échanges sur les fleurrettes qui occupa nos heures confinées… j’en fus assez fier et vain… et le monde sera comblé de nous lire et voir !
Milbizzz à toi à vous !