Mardi gras et … Papa Djab
Mardi gras, journée rouge, jour du Diable rouge, Papa Djab, figure emblématique du Carnaval.
Tout un chacun, foyalais, foyalaise s’ingénie ce jour là à se parer de rouge pour « descendre » au carnaval et c’est un vrai fleuve écarlate qui dévale vers le bord de mer de Fort de France.
Aussi est-il opportun de ne pas détonner par des couleurs ou des accoutrements de touriste qui feraient tache, alors, pour mes doudoues aussi, « le rouge est mis ».
La plupart arborent l’attribut lucéférien par excellence : les cornes, diablotins, diablotines, affables, menaçants ou sexy.
Le seigneur du jour, c’est Papa Djab dont de multiples versions enrichies circulent. Certains masques sont grandioses et magnifiques avec ce jaillissement de cornes (12, photo d’entrée, 17 ci-dessous ) renvoyant aux bovidés de l’univers agricole (et non au bouc de Pan ithyphallique !), agrémentés de grelots. Des centaines de petits miroirs étincelants recouvrent la combinaison rouge vif ( la peau écarlate de Seth ? ) et vibrent en scintillant dans les déhanchements répétés du monstre.
Voici même un bwadjak ( j’y reviendrai ) entièrement métamorphosé en Djab Wouj, toutes dents dehors et monstrueux à souhait.
Si certains sont carrément méphistophéliques, terrifiants à la bouche osseuse dûment agressive et d’une dentition effroyablement crocodilesque, d’autres, les diablotines, sont ma foi fort coquettes et gracieuses et … engageantes malgré leurs cornes, très loin de la créature satanique malfaisante. Quoique il vaut mieux ne pas se fier aux apparences… du Malin et ne pas oublier que Lucifer, fils de l’aurore était le plus beau des anges.
D’ailleurs on peut voir que certaines cornes ne deviennent que fort symboliques et prétexte à élégante coiffure délicate et … angélique ???
Je suis content que cette merveille ait rencontré mon objectif ! Ensemble qui tient plus de l’oeuvre d’art que de la représentation du Diable. Plus proche du Grand Sachem mais délicieusement baroque, chaussé sur de magnifiques basquets dernier cri up to date à faire tomber à genoux les ados et maniant élégamment de longues cannes d’aristocrate.
Tandis que celui-ci est directement dans la parodie, n’ayant conservé que la combinaison aux multiples miroirs et grelots associée à un faciès ridicule et mollasque, désastreux pour l’image de marque du Gran Djab Wouj.
Comme un leit motiv, le trident (celui de Poséidon) plus classe que la fourche qui sert en général à des diablotins hideux et vicelards – dans les classiques peintures de l’enfer – à embrocher le cul nu et le Bas-corporel des humains maudits (avec une nette prédilection pour les femmes toutefois 😜 ) et précipités dans des tourments sans fin. A noter aussi que ces ravissantes diablotines au trident sont loin, très loin des diables poilus aux yeux hagards et étincelants de bestialité… des mêmes tableaux.
le Hoatzin aux longs tifs me semble surtout un avatar du Booby au cigare plongeant, en mieux coiffé, ou alors l’enfant naturel du Booobie avec le Diable rouge hirsute, sans la pestilentielle putréfaction, enfin j’espère, qui cache sous sons bétonné jabot un coeur tendre sur un doux estomac… Nostalgie du lazo et du caballo libre dans la pampa on dirait ? Bien entrainantes images du MaÎtre, perverti par la couleur, mais tant mieux !