Lundi Gras, malpwops & Cie (1)
C’est bien le lundi que le Carnaval se déploie dans toute sa dimension burlesque, subversive et transgressive et que la foule s’empare de «son» carnaval.
Déjà avant le lever du soleil, au pipiri-chantan, des groupes à pieds réveillent, tambours battants, la population des quartiers, l’incitant à les suivre pour des vidés en pyjama. A noter d’ailleurs qu’en dépit de l’interdiction officielle, un vidé en pyjama s’est déroulé le lundi gras 2022 dans les rues de Schoelcher.
Inutile de dire que l’on a amorcé tôt « la bête » par un décollage, cette première goutte d’alcool absorbée le matin à jeun qui, affirme doctement la médecine, « fait décoller la luette et provoque des expectorations fluidifiantes… » Puisqu’on vous le dit !
Et voici les malpwops dont une partie se définissent par l’inversion sexuelle, une constante du traditionnel Carnaval, en tous cas pour les hommes qui revêtent avec ostentation tous ingrédients féminins, à commencer bien entendu par la lingerie intime, symbole d’érotisation maximum, avec force dentelles, mais aussi robes, mini jupes, tutus, collants, rubans et petits noeuds, bas résille, talons hauts… Bravo la performance de déambuler des heures dans les rues de la ville le talon haut perché😜 Bien sûr perruques, postiches et teintures de cheveux outrancières, emblèmes par excellence de la féminité. Tous accessoires féminins, sac à main, ombrelle, colliers et autres bijoux donnent réalisme à ce travestissement.
Ce qui a évidemment pour effet premier d’autoriser l’exhibition d’une plus importante surface du corps mâle. Celle précisément que la bienséance cache pudiquement dans la vie quotidienne.
On conviendra que certains de ces travestis bien « mignons » ne sont plus très éloignés des « makoumés », insulte, équivalente chez nous à « pédé » mais amoindrie par la coloration métaphorique, makoumé signifiant : « ma commère ».
Et que la fête des corps commence ! S’épanouissant par une température de 28° à 31°, il ne faut tout de même pas oublier de le rappeler 😜
Cette exhibition splendide des culs, colorés, turbulents, d’hommes et femmes désintègre de manière abrupte et inconvenante l’habituelle occultation du corps, emprisonné par l’ordre social qui l’interdit, et le dissimule par un vêtement de façade. Et Lé sa rivé’w ban mwen do, dé ponm-fes a’w ka souri ban mwen. ( Quand il t’arrive de me tourner le dos, tes fesses me sourient )
Et de plus c’est vrai qu’ils sont beaux, ces corps tièdes et luisants puissamment vivants et notez bien que l’élégance de surface de nos habituelles représentations de magazines ou de publicités, n’a plus aucun sens. Vrai ! la beauté est ailleurs et le paraître convenu des belles anorexiques de nos papiers glacés… absurde.
Merveilleuse outrance des « gro bonda », « gro pati », « gro tété » ! Mais … le « lolo » n’est jamais loin !
