HAVELIS et Temples du SHEKHAWATI (4)
La domination britannique et son impérialisme économique ne signa pas la fin de ces grands commerçants. Au contraire ils investirent les grands ports et profitèrent abondamment du grand commerce international tandis que s’étiolait jusqu’à l’agonie le commerce caravanier, épices, soie, sucre, opium, laine, pierres précieuses n’étant plus vraiment le nerf de l’économie… Aujourd’hui encore ces grandes familles de «marwaris» véritables capitaines d’industrie règnent sur l’économie de l’Inde.
Ainsi les de-plus-en-plus riches marwaris devinrent en Shekhawati des bâtisseurs prolifiques puisqu’ils élevèrent aussi des écoles, des caravansérails, des puits publics … et des temples, signant définitivement à la face des villes et des populations leur extraordinaire réussite.
Bien que de manière plus modeste, les temples n’échappent pas à la débordante activité des peintres.
Cette religion éminemment visible génère une grande profusion de statues anthropomorphes. Ces supports du divin ne sont pas seulement exhibés pour être contemplés et honorés mais … ils sont habillés et nourris…
Ingénieux bricolage où un moteur électrique active simultanément cloches et battements de tambour
Puits réservé aux 4 castes ; ses 4 minarets recouverts de chaux polie signalaient la présence d’eau visible de loin car il faut savoir que la construction des puits, (payés par les riches commerçants) étaient bien antérieure à celles des habitations. Et donc ils se percevaient de loin, dans une véritable glorification de l’eau tant espérée, dans cette région semi aride, aux lisières du grand désert de Thar.
Magnifique éléphant (la monture des rois) richement paré (notez le collier et les bracelets de pieds) avec tapis et vêtements luxueux finement dessinés. Deux seigneurs, l’un brandissant une flèche, l’autre respirant une fleur, le troisième (serviteur ?) agitant le chamwar, le chasse mouches de cérémonie
… à droite le cheval fièrement carapaçonné nous rappelle le profond attachement des guerriers rajputs pour cet animal et la grande dextérité des cavaliers du Shekhwati, les meilleurs de l’Inde.
Une question nous traverse en parcourant ces merveilles, aucune n’est signée, aucun artiste n’a laissé son nom sur ses oeuvres. Cette modestie, cet effacement a de quoi nous surprendre, en une époque de nombrilisme hypertrophié et de like universellement réclamés pour de géniales nullités, la signature de ces génies anonymes s’est diluée dans le cimetière du temps… On peut tout au plus relever la notoire influence des écoles de peinture de Jaipur et leur art de la miniature où l’indéniable inspiration de l’art persan… perce.