L’AUBRAC ou le Règne minéral (2)
Et la marque du Feu, et la trace des Volcans ?
C’est en arpentant l’Aubrac, que l’oeil repère de nombreuses protubérances saillies çà et là, proéminences se dessinant sur l’horizontalité de l’espace, mémoire basaltique passée du Feu de la Terre.
🔎 Mais oui, vous vous frottez les yeux ! N’est-ce pas là-bas… , au loin… ? Un peu à droite sur l’horizon…? Mais Si ! C’en sont ! Le lobby de l’éolien industriel a bien failli gâcher l’Aubrac. Pensez donc, un si juteux carrefour des vents ! Avec les sirènes des blas blas bien rodés : « s’inscrire dans une démarche de progrès, favoriser l’intégration paysagère », « optimiser les retombées économiques locales » et gna gna gna ! Les amoureux et les amis de l’Aubrac furent vent debout.
Et bien ! Par Arrêté du 8 janvier 2019 la préfète de Lozère a rejeté l’autorisation de construire et d’exploiter un nouveau parc éolien sur la commune de Peyre en Aubrac au nom de « l’unité paysagère du plateau boisé de l’Aubrac, dominé par des prairies pâturées et des boisements de pins » Ouf ! « transformant profondément la structure des paysages et la circulation des regards » C’est presque de la poésie, le texte de l’Arrêté !
Alors ? Protégés pour combien de temps ? les ondulations vertes de l’Aubrac, l’horizon bleu de la Margeride, les flancs enneigés du Cantal ???
Et quand vos yeux fouillent la nuit là bas au loin, vous restez surpris de voir clignoter des feux rouges sur l’horizon, témoins insolents des arrogantes éoliennes déjà installées.
Loin sur l’horizon, à Marchastel, les restes de la cheminée volcanique qui a résisté à l’érosion glacière, ce que les seusses-qui-sçavent appellent un neck avec, au pied, des éboulis rocheux, fragmentation des orgues basaltiques que l’on nomme ici clapas, puis au Roc de Peyre, au Puech de la Rode, au Puech de la Pendule, à l’église même de Laguiole, au Truc d’Aubrac, truc étant le terme local pour désigner tout type de tertre géologique, au Truc des Coucuts…
… puis à Belvezet, vers Saint-Chély-d’Aubrac, ancienne cheminée volcanique qui s’est solidifiée après éruption et qui a apparu suite à l’érosion. Les seusses-qui-sçavent disent qu’il y a plus de 8 millions d’années, c’était un beau cône de type Stromboli
On comprend donc que le neck correspond à une ancienne cheminée volcanique, structure centrale de lave qui s’est solidifiée à la fin d’une éruption et qui a bien mieux résisté à l’érosion que l’édifice plus fragile des matériaux d’éjection qui l’entouraient.
On peut apercevoir que sur ce double neck de basalte subsistent quelques ruines – qui d’ailleurs s’amenuisent au fil du temps – d’un château érigé à l’époque féodale.
Puis d’autres encore, puis des clapas çà et là et bien d’autres traces qui attestent de cette échine basaltique crachée par les volcans en Aubrac, surmontant le haut socle granitique et qui s’allonge sur une trentaine de kilomètres de long.
… la clapas la plus remarquable dans la région restant bien entendu la Clapas de Thubiès au Puech de Roquelaure
Par endroit les prismes basaltiques affleurent et s’offrent à la vue, mis à nu par l’eau et que par analogie bien appropriée on nomme des orgues…
… ces prismes réguliers à section hexagonale, et leurs longues colonnes fracturées, si caractéristiques, résultats de la solidification rapide et brutale d’une coulée basaltique fortement comprimée.
La cascade du Déroc près de Nasbinals, chute de 32 mètres de haut d’une falaise composée d’orgues basaltiques. L’affluent du Bès, la Gambaïse et les eaux du lac des Salhiens qui se précipitent depuis le rebord de basalte y ont creusé une cavité…
… Et comme nous pouvons l’observer, son plafond et ses parois sont constitués de gros prismes basaltiques remarquables par leur géométrie, leur beau graphisme et leurs teintes.
De même la cascade du Saltou
Au pont des Nègres, le ruisseau des Plèches franchit une coulée basaltique et ses prismes, présentant une ébauche de la Chaussée des Géants.
Bien sûr, comme pour le granite, les humains ont abondamment réutilisé ces pierres noires à la coupe hexagonale si caractéristique …
🔎 On notera qu’il s’agit ici du mémorial de la naissance du maquis de Bonnecombe en 1943 qui a la particularité d’avoir été initié par des Allemands antifascistes.
… y compris aujourd’hui dans des constructions récentes
Bonjour monsieur Bouby,
J’espère que vous allez bien. J’ai regardé les photos. Elles sont magnifiques!
Je vous remercie du partage et vous souhaite une excellente fin de journée .
Myriame Remarais