Murales de Sardaigne (3)

San Sperate (2)

Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY

Il est intéressant, à Sperate de voir comment le MUR, frontière intangible de l’espace privé typique de la maison campidanaise refermée sur elle-même, et aux portails solides et clos est, par la magie de l’élan créatif initié par Pinuccio Sciola, devenu un trait d’union s’ouvrant à la communauté et aux réalités culturelles extérieures multiples.

Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate, Verebics Katalin-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate, Marco Adami-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate, : Luciano LIXI-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY

Le développement de nouveaux bâtiments a suscité de nouvelles peintures qui  en ont exploré la verticalité de manière originale.

Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY

On y trouve bien entendu quelques références à des peintres célèbres : Botticelli, Matisse, Mondrian, Picasso, le Cubisme, Gaudi…

Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY

Ci-dessous, référence probable à Klossowski, tant dans la morphologie du bébé en son berceau, que les camaïeux ocre, rose

Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY

Millet, même ! Via San Giovanni n°12, 2002 par Pilloni Angelo. Normal, dirais-je, tant il correspond à l’exaltation de la ruralité, peinte avec tendresse et piété. Tout y est, les 2 personnages recueillis pour la prière de l’angelus à l’heure tardive où sonne la cloche, la fourche plantée en terre, le panier de la récolte, la brouette, le clocher au loin dans la brume égrenant les notes de l’angelus + le cheval et la carriole (spécificité sarde)

Sardaigne, Murales, San Sperate, Pilloni Angelo-CC BY-NC Jacques BOUBY

Mais l’impression, FORTE, correspond à un message FORT et CLAIR.  On est dans une communication artistique totalement horizontale, loin de l’art « officiel » enfermé dans le cocon élitiste des musées, tout autant que des affreschi sacrés des églises.

Il ressort ici que bien que défi à l’orthodoxie esthétique et variations importantes dans la qualité des réalisations, on n’a pas cédé au barbouillage enfantin et fastidieux de certaines réalisations du soi-disant Street Art et c’est, pour nous, ce qui en fait l’agrément et la totale absence de prétention.

Une peinture datée de 1995 y fait référence via Pixinortu, Archimede Scarpa y compose un tableau en 2 parties, séparées par les lettres qui verticalement inscrivent San Sperate.

Sardaigne, Murales, San Sperate, Archimede Scarpa-CC BY-NC Jacques BOUBY

A gauche, en basquets, la casquette à l’envers, un jeune graffeur est en train de bomber des formes abstraites sur un mur. A droite, en contraste, un vieil homme d’une autre génération, de profil, en gilet sur chemise blanche, chapeau à la main et chaussures de ville, regarde ce jeune en pleine « expression artistique » (?) tout en désignant de sa main droite, en arrière plan, une femme Sarde en tenue traditionnelle, sur fond de campagne ensoleillée qui porte sur sa tête une corbeille d’osier tressé. Au centre, entre les 2 scènes, le nom de la ville est écrit à la manière de cet art bien particulier des graffitis qui exaltent le lettrage (parfois/souvent jusqu’à la nausée).

Je ne sais le message à lire. Pour moi, pour nous, à gauche = compulsif et brouillon, à droite sérénité, solarité et… racines. Sans compter que à gauche … la main ne tient plus le pinceau créateur qui à droite reproduit et pérennise le passé du monde !

Et… ci-desous, la seule réalisation (que l’on ait vue ! à San Sperate) cédant au goût du jour …

Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY

… Mais non, nous préférons de loin cette riche simplicité :

Sardaigne, Murales, San Sperate, Angelo Pilloni-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate-CC BY-NC Jacques BOUBY

La fresque ci-dessous, plus récente (Ikur 2019 ) introduit une dimension assez peu présente dans les réalisations murales de San Sperate : elle est au service d’une Cause, étrangère au village, en dénonçant l’assassinat par le MOSSAD en 1972 d’un écrivain et militant politique palestinien, Ghassan Kanafani.

Sardaigne, Murales, San Sperate, Ikur 2019 -CC BY-NC Jacques BOUBY

Et, deuxième « étrangeté » elle utilise du TEXTE : « TOUT DANS CE MONDE PEUT ÊTRE DÉTRUIT, VOLÉ, SAUF UNE CHOSE : L’AMOUR D’UN ÊTRE HUMAIN POUR UN ENGAGEMENT SOLIDE ENVERS UNE  CONVICTION OU UNE CAUSE»

«Ne pas mourir avant d’avoir été à la hauteur de son rival»

Tout comme à Tinnura ce projet initial Paese Museo a fini par développer un sens esthétique chez les habitants, non seulement soucieux de ne pas dégrader cette belle image de leur cité mais sollicités au fond d’eux-mêmes pour apporter leur modeste contribution dont souvent la simplicité émeut.

Sardaigne, Murales, San Sperate, -CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, Murales, San Sperate, -CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, San Sperate, -CC BY-NC Jacques BOUBY

Même que la simple et vétuste passerelle s’est transformée en « oeuvre d’art » !

Sardaigne, San Sperate, -CC BY-NC Jacques BOUBY

Et, à mon tour, je suis très fier de ce tableau à moi, Jacques BOUBY… 🤪

Sardaigne, Murales, San Sperate, tableau J. BOUBY-CC BY-NC Jacques BOUBY

…composé avec la complicité bienveillante de Carmelo Scalas !

Sardaigne, San Sperate, Carmelo Scalas-CC BY-NC Jacques BOUBY

Une caractéristique de ce Paese museo, c’est… qu’il vit et qu’il meurt. Nombre de ses réalisations — et toutes ne sont pas réhabilitées —déclinent doucement, témoins de cette fabuleuse histoire. En témoignent les rues Via Risorgimento et Vico San Giovanni : ce sont parmi les rues « historiques » où les premières fresques ont été réalisées dès 1968.

Mais, de nouvelles prennent la relève, ainsi j’apprends qu’un nouveau projet d’un grand Mural collectif associant artistes d’Italie et du Brésil vient d’être lancé et que déjà certains ont commencé à travailler sur le mur d’enceinte du terrain de sport de la via Cagliari.

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Nous avions amarré notre studio/dortoir roulant – dit Caracol – aux larges allées tranquilles du cimetière où nous passâmes deux nuits d’un silence sépulcral délicieux.

Mais à trois pas de là, en promenant Ringo qui avait donc été faire à l’aurore sa cour et sa pissette du matin, je tombe rue Oriana Fallaci sur l’entrée du « giardino sonoro » initié par Pinuccio Sciola sur le propre domaine de vergers de la famille Sciola… que nous décidons donc de visiter après le petit dèj.

Sardaigne, San Sperate, Giardino sonoro-CC BY-NC Jacques BOUBY

Il s’agit donc d’un terrain abritant une incroyable collection de mégalithes de calcaire et de basalte.

Mais étonnamment, ce ne sont pas les pierres que l’on vient voir, pourtant magnifiques, ce sont les sonorités qu’elles produisent.

Sardaigne, San Sperate, Giardino sonoro-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, San Sperate, Giardino sonoro-CC BY-NC Jacques BOUBY

Nous voilà déambulant dans ce vert jardin de monolithe en monolithe, —sur lesquels ont été pratiquées de grosses stries plus ou moins profondes, plus ou moins resserrées — effleurant l’un, caressant l’autre, tapotant celui-ci, frictionnant cet autre, frottant d’un ongle en descendant, en montant et voilà que la roche se met à chanter, à moduler, un peu comme les verres musicaux le savent faire.

Sardaigne, San Sperate, Giardino sonoro-CC BY-NC Jacques BOUBY

Légèreté et complainte de ces pierres dûment scarifiées, mélodie minérale étrange différant selon la densité de la pierre et de la gravure, de la largeur de la scarification, de sa profondeur. Une belle expérience en vérité, d’autant que les monolithes sont souvent magnifiques avec leurs grosses stries parfaitement rectilignes, et souvent réunis en bouquets.

Sardaigne, San Sperate, Giardino sonoro-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, San Sperate, Giardino sonoro-CC BY-NC Jacques BOUBY
Sardaigne, San Sperate, Giardino sonoro-CC BY-NC Jacques BOUBY

Quel beau projet que susciter complainte et monodie au coeur de l’élément le moins animé et le plus silencieux qui soit : la pierre.

 

 

 

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