Musiciens et instruments
Evidemment, la magie n’opèrerait pas sans bandes, musiciens ni instruments !
De véritables orchestres de rue (O.R.) dûment organisés encadrés et … professionnels ressemblant aux Bandas avec prédominance de cuivres, entraînent les foules sur leur sillage. En écho sans doute aux carnavals d’antan lontan où des groupes associatifs de tambours, de violons, de flûtes organisaient les Vidés…
Mais cette musique plus raffinée, plus élaborée jouée par des musiciens plus chevronnés ne disqualifie pas les instrumentistes des différents groupes à pied qui utilisent avec bonheur d’autres instruments, délicieusement rustiques engendrant plus de rythmique que de mélodie.
Ainsi le ti-bwa : instrument composé d’une tige de bambou scotchée sur un support sur laquelle on frappe avec deux baguettes en bois
Magnifique percussion portative dont vous pouvez apprécier la simplicité et dont je vous garantis l’efficacité.
Quoi de plus simple encore que le cha-cha : (sorte de maracas) traditionnellement fabriqué dans une calebasse évidée et séchée, dans laquelle on introduit des graines, mais on peut voir que bien d’autres contenants de matériaux divers enfermant des graines (ou billes) sont susceptibles de produire ce rythme « tcha-tcha » irrésistible quand il est syncopé, agités en cadence d’une ou de deux mains selon sa taille. Dommage que les spécialistes appellent cela un « idiophone » 😜
Voici la güira et son grattoir (peigne en métal) emprunté à la bachata dominicaine terriblement efficace et qui vous vrille les tympans.
Voici des trompes en bambou ou en métal recyclé inspirées probablement des vaksen d’Haïti, sorte de buccin bricolé en zinc, de différentes longueurs et différentes largeurs donnant donc des tons différents mais toujours graves. Et comme les joueurs soufflent en alternance, dans les raras, la succession des basses d’amplitude et de fréquence acoustique différentes crée une rythmique puissante et envoûtante.
D’autres moyens plus anciens sont devenus plus rares, ainsi la conque de lambi, gros coquillage dans lequel on souffle en s’époumonant totalement. Si si ! J’ai essayé ! Sans compter le sifflet et les grelots attachés aux chevilles ou aux bras.
En vérité chacun peut venir ici avec son instrument, témoin ce tama africain, tambour d’aisselle, dont on fait varier la tonalité en le comprimant sous le bras, instrument privilégié des griots du Sénégal… sérères et wolofs entre autre (cf photo dans Galerie EXPO DAKAR 81 https://jacbouby.fr/wp-content/uploads/2022/03/Expo-81-Griot-au-Tama.jpg)
Mais le roi des rois des percussions, c’est le tambour. Le Maître du Vidé, la houle grondante qui vous emporte ! Bien sûr les tam tam de bois aux peaux d’animaux frappés à main nue ont disparu, nos mains « modernes » ne peuvent soutenir les cadences des nuits entières… comme encore en Afrique. Ici même antan lontan, le tambouyé frappait sur son bèlè de quatre heures de l’après-midi au lever du jour.
Cependant la panoplie des tambours contemporains est extraordinaire et les instruments de frappe impressionnants …
… et jouer sans relâche tout en marchant pendant des heures et des heures reste une belle prouesse.
Si les instruments traditionnels restent en plus grand nombre il y a aussi les sonos hyper-puissantes des chars à orchestre des radios libres ou périphériques qui crachent leurs décibels dans la furie des vidés entraînant des milliers de fidèles en transe à la suite du dernier tube de Kassav.
Je me souviens du camion sono du célèbre groupe Tambou Combo venu d’Haïti enflammer le mardi rouge de Fort de France.