De Fianarantsoa à Manakara par le train F-C-E (2)
Encore quelques rizières traversées, ce qui nous laisse à penser que l’on n’a pas encore quitté le palier des hauts plateaux et voici Ranomena, village réputé pour ses écrevisses que l’on pêche assidûment dans les nombreux ruisseaux du coin.
Beaucoup plus de badauds à Ranomena. Abondants plateaux présentés à bout de bras aux fenêtres des wagons. Beaucoup plus de bébés aussi, j’en compte quatre sur cette seule photo…ci-dessous.
De nombreux bébés… et… de bien jeunes filles… Peut-être l’arrêt du train dans le village est-il aussi la vitrine où l’on vient exhiber ces « objets » de fierté, enfant ou petit frère ou soeur ou neveu…ou petits-fils/filles
A peine le village quitté, nous nous engouffrons dans un bruit de trompes terrifiant dans le premier tunnel qui nous plonge brutalement dans le noir absolu et qui dure, dure et se prolonge… il doit être en pente car les freins crissent et … crissent. C’est le plus long tunnel de la ligne avec ses 1072 m. Là on mesure vraiment l’absence de capitonnage du wagon traversé d’un ouragan sonore que les fenêtres ouvertes amplifient. Et dans le NOIR ! Vous avez dit 1ère classe ?
On débouche sur la falaise et la voie devient de plus en plus accidentée contournant des éperons ou perforant les montagnes par des tunnels qui ne cessent de s’enchaîner. Nous voilà très affairés à guetter les sorties de tunnels afin de plonger les yeux, entre deux trous noirs, sur un paysage foisonnant et chaotique.
Beaux paysages ouverts à la vue imprenable et amples panoramas déroulés au ralenti que la lenteur du train procure. Coulées de bananiers ruisselant sur les pentes et s’ouvrant parfois sur une clairière piquetée de quelques maisonnettes colorées. Là, çà y est, on a amorcé la descente des hauts plateaux. Et pas nonchalamment ! la déclivité se sent presque sous les pieds.
Andrambovato littéralement, « au pied du rocher » et pour cause car dominée par ces falaises de 400 mètres, ce qui a, peut-être contribué à nommer ce tortillard du bout du monde, «le petit train des falaises».
C’est le territoire de l’ethnie Antanala, le peuple de la forêt et c’est vrai qu’elle apparaît ici luxuriante.
Voici les chutes de Madriampoysy surgies sur le flanc des collines entre Andrambovato et Madiorano qui provoquent la ruée des photographes sur les fenêtres du côté gauche. Le pont sur lequel nous roulons enjambe une autre chute. Vite, à la fenêtre de droite ! Trop tard !
Paraît que sur les bordures de certains de ces rails d’âge fort respectable, on peut trouver leur date de fabrication (1893) et le nom de la ville allemande où ils ont été fabriqués.
Les petites gares se succèdent, les tunnels aussi. Nous en traverserons 48 au total.