CHATEAU d’AZAY-LE-RIDEAU 3
Encore quelques toiles éparses, rencontrées au cours de notre flânerie : portrait d’ Erasme, … incontournable dans toute haute demeure qui se pique de culture…
… Jacques Louis de Béringhen, par Pierre Mignard, Premier écuyer de Louis XIV et marquis, collectionneur d’art. Sa collection regroupe 90 000 feuilles, acquise en 1731 par la Bibliothèque royale pour le Cabinet des estampes ; elle comprend essentiellement des portraits et l’oeuvre presque complet d’artistes actifs entre 1610 et 1715 (de Bosse, Mellan, Nanteuil, Poilly…).
La Vierge à l’Olive, du XVè, dans l’oratoire du Château
Voici une copie par Karl-Ernest Rodolphe-Heinrich Salem Lehman (1814-1882), de La Dame au bain, de François Clouet (1515-1572) .
Trois plans, trois personnages et féminins : la dame, la nourrice et la servante. Nue, belle, lisse et blanche, rayonnante, une main élégante et racée, le bras refermant le tableau, visage énigmatique et regard lointain… le bain n’est qu’un prétexte, et la peinture est traitée comme un portrait avec son rideau rouge d’apparat, théâtralisant la scène et refermant le haut. Diane de Poitiers ? Gabrielle d’ Estrée ? Marie Touchet, maîtresse de Charles IX ?
La nourrice, nous fait entrer dans le pittoresque d’une scène de genre, la peinture flamande n’est pas loin, visage sans grâce, un marmot emmailloté scotché à son sein globuleux et généreux et tout au fond, donnant de la profondeur, une servante devant la cheminée avec ce broc d’eau chaude avec lequel elle va remplir la baignoire. A noter la corbeille de fruits et la précision de son rendu… très flamand. Belle composition et maniérisme délicat.
Quelques objets précieux dont vous auriez bien du mal à équiper votre chez-vous 😜
Les noces de Psyché et Cupidon (XIXè) plaque en émail sur cuivre. Si celui-ci est récent, (comme tout ici dans ce château « Renaissance » !) il faut noter que l’art de l’émail peint sur cuivre connaît un extraordinaire essor sous François 1er et Henri II avec un goût prononcé pour les sujets antiques. Le grand nom est alors Léonard Limosin, émailleur du roi qui deviendra son Valet de Chambre, manière d’honorer et gratifier les artistes, tout comme Clément Marot l’avait été quelques années plus tôt.
Tout en haut, les combles et leur somptueuse charpente, ouverts à la visite depuis 2011 et ayant reçu une restauration majeure entre 2015 et 2017. Véritable vaisseau de chêne extrait de la forêt royale de Chinon, les charpentes du château témoignent du savoir-faire des charpentiers de la Renaissance dont les signatures sont toujours visibles aujourd’hui.
et redescente par cet escalier… moins Renaissance !
Nous entreprenons une promenade autour du château, façade est. On peut noter sur cette façade à quel point le style gothique français traditionnel reste encore très présent au château d’Azay-le-Rideau : le toit élevé et les hautes cheminées élancent cette façade, ponctuée par les lucarnes ; des tourelles d’angle délimitent le château et les fenêtres ont toujours leurs travées verticales.
Façade Sud, magnifique ! Les éléments français sont dans un premier temps des éléments défensifs : juste au départ du toit, on note la présence de mâchicoulis couverts sur consoles. Les créneaux ont été remplacés par des ouvertures rectangulaires servant de fenêtres et dont certaines sont murées. Entre chaque ouverture se trouve une archère-canonnière.
Eh oui ! l’adorable parc romantique qui l’entoure et ses miroirs d’eau pourraient nous faire oublier tous les dispositifs militaires que le château recèle, par exemple, les puissantes canonnières pointées vers la rivière dans les casemates du sous sol ! Et qui étaient alors doublées de terrasses recevant l’artillerie qui ont pour nom «boulevards»(19) et «bastion»(20) dans la photo du plan d’ensemble ci-dessous.
Ce chemin de ronde est ici purement symbolique : il a été construit à une époque où l’artillerie avait déjà évolué. Il ne sert donc qu’à rappeler le côté guerrier de la noblesse médiévale, ainsi pouvons-nous voir, dans les parties basses de la façade. les canonnières.
Une réelle influence italienne est à noter dans l’ordonnance des façades qui ne doit plus rien au style gothique : la symétrie et le quadrillage viennent tout droit de l’Italie. La façade a pour axe de symétrie la partie centrale composée de la grande lucarne à trois baies et des fenêtres également à triple baie. De chaque côté de cet axe, les croisées et les lucarnes sont régulièrement espacées deux à deux. Des pilastres soulignent les fenêtres. Pour finir, deux tourelles encadrent cette façade. Des corps de moulures (Ah ! l’Italie n’est pas loin !), soulignent horizontalement les étages croisant ainsi les lignes continues des pilastres.
Le regard est sensible à l’effet gracieux des encorbellements qui terminent les tourelles d’angle affinées en pointe délicate que l’eau de l’Indre redouble en écho frissonnant.
Ci-dessous, photo de la façade ouest : Vous êtes d’accord ? On la croirait élevée la semaine dernière tant son air de jeunesse paraît évident !!! Sachez qu’après une cartographie minutieuse de l’ensemble de la façade, de nombreuses pierres unies, moulurées ou sculptées ont été remplacées.
Un petit tour dans ce petit village simple mais charmant, un pont, un moulin sur l’Indre, une église saint Symphorien tarabiscotée et sa façade du XIè siècle avec niches sculptées à l’époque mérovingienne ou carolingienne : en haut le Christ au centre et six apôtres de part et d’autre, en bas le percement de la fenêtre a dégradé une partie de la rangée. Plus tarabiscoté encore, un vin nommé « Sottise rouge » issu de la minuscule AOP Touraine-Azay-le-Rideau 😜
Et voilà que se profile au loin notre dernière étape de ce Carnet de Voyage : l’éblouissant château de Chambord…sur Cosson.